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Comment aborder les aides à la mobilité avec un proche âgé ?

Naomi Da-Kengba-Timo ergoflix France
de: 
Naomi DA-KENGBA-TIMO
Conseillère certifiée en dispositifs médicaux
10. octobre 2024
Temps de lecture: 9 minutes

Discuter d'aides à la mobilité avec un proche vieillissant peut être un exercice délicat. Ce n’est pas seulement une question d’outils ou d’aides techniques, mais bien une réflexion sur l'autonomie, la dignité et la capacité à s'adapter à un corps qui change. Le vieillissement n'est pas une fatalité, mais il impose de nouveaux défis auxquels il faut répondre avec subtilité. La perte de mobilité, qu’elle soit lente ou soudaine, bouleverse souvent le quotidien des aînés, mais aussi celui de leurs proches. Pourtant, aborder ce sujet n’est pas tant une question de convaincre, mais plutôt d’accompagner, de co-construire des solutions qui permettent à chacun de maintenir sa place dans un monde qui évolue.

Les déclins physiologiques liés au vieillissement

Il est naturel qu'avec l’âge, les capacités physiques déclinent. Le processus de vieillissement entraîne une diminution des réserves physiologiques dans différents systèmes corporels. Cela se manifeste par une baisse de la force musculaire, une diminution de l’acuité visuelle, une réduction de la capacité cardio-respiratoire, entre autres. L’ampleur de ces déclins varie d’une personne à l’autre en fonction de facteurs immuables, comme la génétique, et de facteurs modifiables liés au mode de vie tels que l’activité physique et la nutrition.

Lorsque ces pertes deviennent importantes, la mobilité peut être gravement affectée, rendant certaines activités quotidiennes difficiles à réaliser. C’est à ce stade que les solutions de mobilité entrent en jeu. Il peut s'agir de fauteuils roulants, de déambulateurs ou d’aménagements du domicile. Mais comment aborder ce sujet de manière respectueuse et constructive avec vos proches ?

Comprendre le processus de déprise

Avant d’engager toute discussion, il est important de comprendre le concept de « déprise ». Ce terme fait référence au réaménagement de l’existence qui se produit progressivement au fur et à mesure que la personne vieillit. Les aînés doivent souvent abandonner certaines activités, mais ils cherchent à maintenir d’autres prises sur le monde. La déprise peut donc consister à continuer certaines activités sur une plus petite échelle, voire à s’engager dans de nouvelles activités qui correspondent à leur état physique.

Ce processus est actif, ce qui signifie que les aînés mettent en œuvre des stratégies pour s’adapter aux pertes physiologiques tout en conservant une vie remplie de sens. Reconnaître ce processus est essentiel pour éviter d’imposer des solutions qui pourraient être perçues comme des contraintes. Le dialogue doit rester axé sur la capacité de la personne à participer activement à la prise de décision concernant sa mobilité.

Préparer la discussion : respect et bienveillance

Il est important de préparer le terrain avant de discuter des solutions de mobilité. La personne concernée peut ressentir une certaine réticence ou un déni face à sa perte d’autonomie. Voici quelques conseils pour bien préparer la conversation :

  • Évitez de précipiter la discussion. Prenez le temps d’introduire doucement le sujet sans brusquer votre proche. Il peut être judicieux d’aborder d’abord des petits ajustements, comme l’aménagement de la maison, avant de parler d’aides à la mobilité plus importantes.
  • Respectez l’autonomie de la personne. L’objectif n’est pas de prendre les décisions à la place de votre proche, mais de l’accompagner dans sa réflexion et ses choix. Il doit se sentir acteur de la décision.
  • Informez-vous sur les différentes solutions disponibles. Avant la discussion, assurez-vous de bien connaître les différentes aides à la mobilité qui existent, afin de proposer des options concrètes et adaptées aux besoins spécifiques de votre proche.

Les aides à la mobilité : comment aborder le sujet sans être intrusif

Lorsque vous engagez la conversation, il est essentiel de choisir les bons mots et de créer un environnement rassurant. Le vieillissement s’accompagne souvent d’un sentiment de perte de contrôle, il est donc nécessaire de faire preuve d’empathie. Voici quelques suggestions pour guider la conversation :

  • Commencez par observer les signes de fragilité. Il est parfois plus facile de parler des difficultés rencontrées au quotidien : « J’ai remarqué que tu sembles avoir un peu de mal à monter les escaliers. Est-ce que ça devient difficile pour toi ? »
  • Posez des questions ouvertes. Cela permet à votre proche d’exprimer son ressenti et ses besoins. Par exemple : « Est-ce que tu te sens à l’aise lorsque tu marches dehors ? » ou « Comment te sens-tu en fin de journée après avoir fait tes courses ? »
  • Proposez des solutions sans imposer. Formulez vos propositions de manière non directive : « Je me demande si un fauteuil roulant électrique pliable ne pourrait pas te faciliter la vie. Qu’en penses-tu ? »
  • Écoutez sans interrompre. Laisser la personne exprimer ses inquiétudes ou ses frustrations sans chercher à corriger ou minimiser ses sentiments. Il est essentiel qu’elle sente que ses préoccupations sont prises en compte.

Les impacts psychologiques du vieillissement

Le vieillissement n’a pas seulement des conséquences physiques. Il peut également affecter le moral et l’état psychique des personnes âgées. Le syndrome du glissement, par exemple, touche les personnes âgées fragiles, souvent après un facteur déclenchant comme une chute ou un deuil. Ce syndrome se caractérise par un repli sur soi, une dénutrition, un refus de soin, et une dégradation rapide de l’état de santé. Une attention particulière doit être portée à ces signes, et il est essentiel d’aborder les solutions de mobilité comme un moyen de prévenir ces situations, et non comme un signe de faiblesse.

La discussion sur la mobilité peut également susciter des craintes liées à la dépendance ou à la perte d’indépendance. Il est donc important d'insister sur le fait que les aides à la mobilité ne sont pas synonymes de dépendance totale, mais qu’elles permettent au contraire de préserver l’autonomie le plus longtemps possible.

Le rôle des proches et de la communication

Les proches jouent un rôle central dans l’accompagnement des aînés vers les solutions de mobilité. La communication est un outil puissant pour créer une dynamique de soutien et de compréhension. Voici quelques éléments à garder à l’esprit lors des échanges avec vos proches :

  • Créez un climat de confiance. L’aîné doit savoir qu’il peut compter sur vous, non seulement pour l’aider à trouver des solutions, mais aussi pour respecter ses choix.
  • Faites preuve de patience. Certaines discussions peuvent nécessiter du temps. Il est rare que la décision soit prise après une seule conversation.
  • Impliquez les professionnels. Il peut être utile de faire appel à des ergothérapeutes, médecins ou conseillers spécialisés en mobilité pour accompagner la prise de décision. Ces professionnels peuvent apporter un éclairage neutre et rassurant.
  • Restez disponible. Même après avoir pris une décision, continuez à être présent pour votre proche. Il est possible que la situation évolue et que d’autres ajustements soient nécessaires.

Les aides à la mobilité : un éventail d'options adaptées

Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions adaptées aux besoins de mobilité des personnes âgées. Il est important de proposer des solutions en fonction de l’autonomie et des capacités de votre proche. Voici quelques exemples d'aides à la mobilité qui pourraient être envisagées :

  • Les fauteuils roulants électriques pliables. Pratiques et légers, ils sont une solution idéale pour les personnes ayant besoin d’un soutien occasionnel ou régulier tout en conservant une grande autonomie.
  • Les déambulateurs et cannes. Ils sont utiles pour les personnes qui ressentent un manque d’équilibre, mais qui peuvent encore marcher seules.
  • Les scooters électriques. Ces véhicules permettent aux personnes âgées de se déplacer en ville ou dans leur quartier avec facilité.
  • Les aménagements du domicile. Cela peut inclure des rampes, des barres d’appui ou des monte-escaliers pour faciliter les déplacements à l’intérieur de la maison.

Les aides à la mobilité : encourager un dialogue ouvert et bienveillant

En fin de compte, parler de mobilité avec un proche ne se résume pas à suggérer un fauteuil roulant ou un déambulateur. Il s'agit de bien plus : d'une conversation sur l'autonomie, la liberté de se mouvoir, de continuer à vivre pleinement malgré les obstacles physiques qui s'installent. En engageant le dialogue de manière respectueuse et en tenant compte des aspirations profondes de l’autre, on fait bien plus que proposer une aide technique. On offre une manière de continuer à habiter le monde, de maintenir une présence active et digne. L’essentiel n’est pas tant de trouver la solution parfaite que d’être présent, attentif, et d’avancer ensemble dans cette nouvelle étape de la vie.


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